Deux buts marqués, deux buts donnés, deux penaltys oubliés

Face à une équipe de Valence qui aura parfaitement joué le coup, la première mi-temps du Barça fut trop quelconque pour espérer mieux. La défense à trois, dans un 3-4-3 comme contre Villarreal, aura souffert, et il aura fallu un changement tactique à la mi-temps de Guardiola pour que tout rentre dans l’odre. Menés deux fois à la marque, les Catalans sont revenu deux fois et ne furent pas loin de remporter la mise en toute fin de match. 

On conseille à José Maria Del Nido, président du FC Séville, de se procurer au plus vite le DVD de ce Valence-Barça, pour peu qu’il n’ait pas pu le voir en direct à la télévision. Le président andalou s’était offusqué, il y a peu, de faire partie d’une Liga à deux vitesses, à deux versions où deux équipes se partagent le gâteau, sans même laisser un peu de pâte d’amande aux autres. Sur les droits télés, on pourrait presque lui donner raison car, à terme, Barça et Real instigueront un véritable fossé entre eux et leurs dix-huit compagnons de fortune. Dans les faits, en revanche, force est de constater que les adversaires des deux grosses écuries du foot espagnol s’efforcent de lui donner tort et de lui faire regretter ses paroles, journée après journée. Il est vrai que le Barça et le Real sont au dessus de tout le monde, il est vrai que, sauf surprise de dernière minute, ils seront tous les deux sur les deux premiers strapontins de la Liga, en mai prochain. Reste à trouver l’ordre. Mais avant ça, il faudra passer encore une trentaine d’étapes, et si toutes ne sont pas le Mont Ventoux, elles représentent, chacune dans des styles différents, des tests difficiles et qui coûteront pas mal d’efforts.

Quatre jours après une goleada contre Osasuna, c’est un plat de résistance qui attendait le Barça, à Mestalla, en plein coeur de Valence. Mestalla, c’est un des terrains où il est toujours difficile de gagner, avec un public à l’anglaise, très près du terrain, et une mentalité de grosse ville de province qui attend de pied ferme la capitale du nord, la cousine catalane qui se trouve à 200 kilomètres au-dessus de sa tête. Valence et sa région, c’est aussi l’expression géographique la plus poussée du débat linguistique qui secoue actuellement l’Espagne. Parlant une langue nommée le valencian, sorte de catalan populaire, les habitants de la région sont coincé entre les Catalans étiquetés ‘indépendantistes’ au nord, et le début de l’Espagne profonde au sud, avec les provinces d’Alicante et de Murcie. Et, au niveau sportif, Valence est le parfait chat noir des grosses écuries, mais aussi et surtout, la dernière équipe, hors Barça et Real, à avoir été championne. C’était en 2004. Mais, sept ans plus tard, on n’a pas abandonné l’ambition côté valencian, 80 millions de dettes ou pas. Leader après trois journées, et trois victoires, Valence s’est déjà imposé comme le club outsider par excellence, celui qui pourrait terminer champion de l’autre Liga, celle qui concerne les dix-huit autres. On entend de là le soin de la voix de Del Nido.

Débat linguistique ou pas, stade chaud bouillant ou pas, Guardiola s’en moque. Oui, alors que le Barça se rendait chez un concurent direct, le technicien catalan a choisi de faire place au 3-4-3 de son mentor hollandais, Johan Cruijff. Et, oui, au risque de nous répéter, le Barça est la seule équipe au monde à le faire. Elle s’en est d’ailleurs mordu les doigts tout au long de la première période. Trois en défense, contre une équipe qui joue, qui ne refuse pas le jeu, et qui va vite, très vite même, ça fait peu. Avec Puyol dans l’axe, Abidal sur la gauche et Mascherano sur la droite, la défense aura beaucoup souffert, hier. Jérémy Mathieu, l’homme qui est absent de toutes les listes de Laurent Blanc tout en alignant des prestations de haute volée avec son club depuis des années, aura fait tourner en bourrique l’Argentin. Bien propulsé par Jordi Alba, originaire de l’Hospitalet de Llobregat, le Français fut même l’auteur des deux passes décisives de son équipe. La première fut malencontreusement détourné dans ses propres buts par Abidal. La deuxième, magnifiquement reprise par Pablo Hernandez, à la suite d’une nouvelle erreur du numéro 22 du Barça.

Le côté droit de la défense aura souffert, donc, et la côté gauche ne l’aura pas soulagé. Pris à revers par les montées de Mathieu et Alba, Mascherano a vite pris l’eau. En cause sur le premier but alors que Valdes semblait être sur la bonne trajectoire du centre de l’ancien sochalien, Abidal ne s’en est jamais vraiment remis. Sur le deuxième but, véritable remake du premier, il ne parvient pas à dégager le ballon alors qu’il est au duel avec Soldado, laissant place nette à Hernandez pour fusiller Valdes. Puyol, lui, est en réel manque de compétition, et il n’aura pas pu colmater toutes les brèches. Pour la première fois cette saison, le Barça a affronté une équipe qui lui a disputé la possession et qui fut capable de le faire reculer, et même de le faire céder. Alors, il serait très, trop facile d’acuser les trois hommes de derrière de tous les maux. Comme dans tout match se terminant sans les trois points de la victoire, l’adversaire a une grande part de responsabilités. Deuxièmement, accuser trois joueurs sur onze, ça fait peu. Enfin, et même si l’on ne doit, apparemment, pas en parler, l’arbitre a souvent son mot à dire… Malheureusement.

Entre les deux buts de Valence, le Barça avait su réagir, et plutôt bien, par l’intermédiaire de Pedro, bien lancé par Messi. L’égalisation était intervenu peu après le but contre son camp d’Abidal. Cependant, en retour, il ne faudra pas attendre longtemps pour que Pablo Hernandez redonne l’avantage aux locaux. Un petit coup de bambou sur la tête des Catalans, à n’en pas douter. Il faut dire que la furia valenciane ne se limitait pas aux deux buts, Soldado ratant, on ne sait encore comment, le troisième but sur un nouveau centre de Mathieu. Malmené, ça serait peut-être un peu fort, mais le Barça fut bel et bien dominé au terme des premières quarante-cinq minutes.

Le côté droit chavirant complètement sous les coups de butoirs adverses, Guardiola, à la mi-temps, ne pouvait faire autre chose que changer. Alves reculait, Mascherano revenait dans l’axe, la défense était à nouveau forte de quatre hommes. C’est sensiblement en même que temps que Valence baissa de pied, se montrant moins incisif. Paradoxalement, la sortie de Keita fit du bien, elle permit de lâcher la balle plus vite. Le Malien, joueur de devoir exemplaire, est en difficulté quand il se trouve en rampe de lancement. La rentrée d’Adriano aura été également bénéfique, le Brésilien aura percé la défense de Jordi Alba. Enfin, la rentrée de Thiago au milieu aura permit de densifier de le milieu, et donc de jouer encore plus haut et de récupérer la balle encore plus vite, tout en laissant Fàbregas en pointe, aux côtés de Messi. Cependant, l’égalisation n’arriva qu’un à un quart d’heure environ de la fin du match, grâce à la connexion létale entre Mesi et Fàbregas. Le premier lançait le second, ce dernier gagnait son duel, 2-2. Dès lors, Valence ne pouvait faire mieux que résister. L’équipe ‘che‘ finit même à dix après l’expulsion d’Alba. Il en fallut de peu pour que le troisième but arrive, il fallut un petit coup de sifflet de l’arbitre, en réalité. En première période d’abord, quand Rami faucha sévèrement Messi en pleine surface. Le Français fut d’ailleurs un des plus sanctionnés hier, et on peut prendre le pari qu’il ne finira pas beaucoup de match en jouant ainsi. En deuxième période, ensuite, quand Miguel, toujours sur Messi, balança complètement le ballon d’Or. Un oubli avec de grandes conséquences; nous étions alors dans les arrêtes de jeu. Des arrêts de jeu complètement bafoués par l’arbitre, Mr Velasco Carballo, plutôt bon jusque là, qui décidait même de ne faire jouer que trois des quatre minutes pourtant allouées aux deux équipes.

S’il y eut des erreurs des deux côtés, et que, l’un dans l’autre, revenir avec un point de Valence est tout sauf une mauvaise affaire, le Barça paie actuellement quelques sautes de concentration et un certain manque d’idées. Concrétiser une domination, savoir faire le dos rond en cas de pénurie offensive, voilà ce que les Catalans doivent montrer. Même si l’arbitre ne fut pas heureux dans ces décisions, Valence mérite tout autant le partage des points. Ces trois 2-2 (Real Sociedad, Milan AC et Valence) ne sont pas anodins; ils témoignent du fait que le Barça marque encore et toujours, mais qu’il fait preuve d’un certain relâchement qui s’avère coupable. Quelques minutes plus tôt, le Real Madrid s’en était tiré avec le point du match nul, lui aussi, contre le Racing Santander. Une manière de voir, en 2 x 90 minutes de football, qu’il y a deux façons de faire match nul. Et que Mourinho avait raison; l’opération maintien du Real se complique.

Jordi Alba et la mère de l’arbitre-assistant

Expulsé durant les arrêts de jeu, le Catalan n’a pas été récompensé de son excellent match. Mieux, les télévisions n’auront pas su expliquer son éviction du terrain de jeu, car le jeune latéral n’a taclé, heurté ou blessé personne. Dans le rapport d’après-match de l’arbitre, on a cependant vite compris qu’un défenseur pouvait aussi tacler avec les mots. « Tais-toi, tais-toi, tu n’y connais rien, je chie sur ta pute de mère« . Visiblement, Alba n’était pas content des décisions de l’arbitre de touche. Il l’a fait savoir, plutôt violemment.

Résumé complet du match

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